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Stories and poems that matter. Emotion first and foremost.

Fais gaffe, tu deviens ce que je préfère

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Un jour, un mec m’affirme « L’amour, c’est ça ! ». Putain, il a tellement d’aplomb que je le crois. J’me dis, on ne peut pas être aussi sur de soi sans avoir raison. Je prends ses paroles pour argent comptant et file les mettre en application. J’échoue. Des tas de gens arrivent et me matraquent « L’amour, c’est ça ! ». A chaque fois une définition différente de la précédente. Je les avale. Elles passent de travers. La dernière fois, j’ai dit non. Non. Tout ça c’est fini, moi, je vais tester à ma façon.

Dis-moi, tu ne trouves pas qu’il y a toujours des types pour t’imposer leur pensée ? Pour te rappeler que leur vérité vaut pour le monde entier ?

Très peu oseront te dire « Débrouille-toi ! ». Pourtant, c’est ça l’important. Va, vis et trouve-toi. Rien ne compte plus que ce que tu vas découvrir par toi-même. Ils sont nombreux les gourous du sentiment. Ils ont tout vu, tout vécu, tout compris. Excepté une chose. Il y a autant de façon de ressentir qu’il y a d’Hommes sur Terre.

Ils m’ont dit que la folie amoureuse était passagère. Qu’on n’aime pas à 20 ans, comme à 35 ou 50. Ils ont défini l’amour dans tout ce qu’il y a de plus raisonnable. Ils en ont cerné chaque contour. Mais à partir du moment où on le théorise, est-il encore là ?

Ils m’on rit au nez « Aux geôles le naïf ! ». Je les ai regardés avec colère. Ce sont ces personnes qui brisent les croyances. Ce sont ces gens qui enchaînent l’amour. Ceux qui te disent que rien ne dure et que tout n’est qu’illusion ; pour se persuader eux-mêmes qu’ils ne pouvaient rien y faire lorsqu’ils l’ont laissé déguerpir. Ils en polissent chaque aspérité afin d’édulcorer son intensité. Ils en font de la morphine: elle atténue la douleur, elle anesthésie les délices. Ils finissent par y croire. C’est ainsi. Pas autrement.

Je n’en ai rien à foutre de leurs leçons. Je crois que l’amour n’est pas figé. Bien sûr qu’il évolue, mais sitôt qu’on essaie de le dompter, il se fait la malle. Je ne connais personne qui veut rester en cage. Même pas les animaux de cirque. Pour le vivre, il faut détacher ses chaînes. Libérer ses parts obscures et lumineuses. Il est cet insoumis.

Tiens, t’as qu’à voir nous deux. On ne s’y attendait pas. Ça nous a pris un soir, sans crier gare. Les heureux hasards rassemblent les âmes vagabondes. Deux mondes qui errent l’un vers l’autre. L’un sans anticiper l’autre. Jusqu’à s’entremêler. On ne cherchait rien. On s’attendait à tout. Au détour d’une rue, les regards se croisent, se surprennent, s’interrogent et s’enlacent. C’était bandant, je t’ai dit un truc du genre « Bonsoir, on se serre la main ? ». Tu ne l’as plus lâchée.

Il y a une multitude de façon d’appréhender les gens. Parfois, tu les regardes. Tu les regardes vraiment. Tout change.

On passe à côté d’un déluge d’individus, sans les repérer. Aucun chagrin. On aurait pu se heurter, se remarquer, et se barrer chacun de notre côté. Plus tard, sentir le poids du soupir. Tu penses qu’on se remet d’être passé à côté de quelqu’un qui aurait tout chamboulé ? Je ne pense pas. C’est latent, dans un recoin. Une parenthèse où l’on ne sait pas trop. Ce qui aurait pu mais ne sera pas. On fait semblant, c’est épuisant. Le lundi, mardi et tous les jours qui suivent si on va par là; jusqu’à ce que la bête surgisse et nous renvoie notre lâcheté en pleine gueule. Nous, on a eu le courage de ne pas feindre l’ignorance. C’est un choix. Celui de tout réinventer, de faire un doigt aux regrets.

On a des regards de fous à lier. Dans tes yeux un 9 mm sans cran de sureté. Je dépose les armes. Vas-y, tire tes balles. J’ai toujours aimé les furieuses. Elles m’intimident. Mon regard te murmure « Je te veux ici ce soir », tu me réponds « Cap ». Cela ressemble à une parade, un truc shamanique. Bon sang, tu danses comme un pied ! Ce soir, tu m’as kidnappé dans les pires règles de l’art. Je t’ai dit « Attrape-moi si tu peux », je me suis laissé faire. Deux ravisseurs, aucun innocent. Je me cache dans le sac de rando, tu le prends sur le dos. On se tire ! Je me suis vu les pieds et poings pas si liés que ça ; si ce n’est par l’envie d’être dérobé. Je ne vais pas te mentir, je n’ai pas cherché à m’échapper. S’ils nous attrapent, nous, les compères du méfait, on en prend pour combien d’années ? Perpétuité ?

Je me suis laissé dépasser par tes yeux et tes gestes tendres ; tes doigts qui m’effleurent ; les frissons de tant de délicatesse. Je me surprends à te regarder dormir. Je peux passer un tour de cadran sans fermer l’œil. Je me nourris de tes contours de hanche. Tes grains de beauté. Je pourrai même les dessiner. Je veux te murmurer tout ça. On ne va pas attendre pour se dire les mots qui font du bien.

Avec toi j’ai compris que ce ne sont pas les coups d’éclats qui me désarçonnent, ce sont les petites attentions; partager ma tarte au citron meringuée, alors que je ne l’aurais jamais fait. Te voir couler du nez; t’embrasser quand même. T’écouter chantonner du Céline Dion et t’enfoncer. J’aurais pu écrire tellement de choses sur ton sourire et tes lèvres au goût de reviens-y. A propos des mouvements de ton corps contre le mien et de mon souffle dans le creux de ton cou. J’aurais pu écrire sur ton humour bizarre et ta pudeur. C’est juste que tout cela, je le garde pour plus tard. Pour nous deux.

Toi et moi on sait que tout cela n’est pas neutre. Qu’à deux, c’est déraisonné. Tantôt chaotique, tantôt fantastique. Quelque chose qui déglingue. Ça fait comme une entaille le long de mon être. Une brèche où l’invisible devient visible: mes peurs, mes fragilités, mes hontes. C’est violent de se dévoiler, c’est libérateur d’être dans le vrai.

T’es ma came. Celle qui ravage ma tête et fout des coups de pieux dans l’estomac au moindre texto. Celle qui m’amène vers des sommets invisibles à l’œil nu, si haut que j’en ai ce foutu vertige. C’est flippant. C’est bon. Bien sûr que si, je suis accroc. Aucune envie de me sevrer. Tu me trouves faible ? Je pense que c’est être fort que de l’avouer. T’es ma dose d’héroïne. Je suis ta dose d’héros. Sans super pouvoir. Dans l’arène, je tombe le masque. Je me mets à nu. Tu es mon héroïne, celle qui vit l’amour en dehors des normes. Qui ose. Qui conquiert ces espaces entre nous. Tu vois, ces émotions, elles se provoquent. Il faut se battre pour les éprouver. A un moment, on s’est dit qu’il était temps. Au bord de la falaise, on a sauté l’un vers l’autre. On est tombé en amour.

Mais que risque-t-on lorsqu’on part de rien ? Rien.

On s’est pris tels quels, avec nos joies et nos ruptures. Avec nos humeurs. On les apprivoise. Rien n’est linéaire. Les sentiments ne sont pas mécaniques. Je suis sauvage. Hier, je n’avais envie de voir personne. Même pas toi. Il y a des jours sans. De toute les façons, on ne va pas pas s’illusionner, on ne sera pas d’accord à chaque fois. Il y aura toujours ces regards. Ils détruisent, ils magnifient. Certains écrasent, d’autres grandissent. J’aime la façon dont tu me regardes. Je le sais, je ne suis pas forcément ce qui se fait de mieux. Je peux être vexant, froid et maladroit. Dans tes yeux, je me sens parfait d’être imparfait. Cela donne confiance. En l’autre. En tout ce qui viendra.

Je n’ose pas trop le dire. J’ai le verbe gauche. Tu me manques quand tu n’es pas là. Les autres sont ici, assez nombreux pour remplir n’importe quel vide ; pas assez pour combler le tien. Parce qu’une personne peut te remplir un monde, elle peut aussi le dépeupler. C’est comme crapahuter à 6000 mètres d’altitude, j’ai beau crier, aucun échos, pas de réponse. Ma voix s’étouffe, engloutie par le silence. Et je suis seul. Je suis seul de toi. Alors j’te le dis, ce que je préfère quand tu t’en vas, c’est le moment où je te revois.

J’ai envie de te montrer que tu comptes. Maintenant. Parce que je sais bien que tout peut s’arrêter, qu’on ne s’est rien promis. Qu’importe, une relation ne se définit pas par la notion de temps, mais par ce que l’on vit ensemble, dans l’instant. C’est une mise de tous les jours. Alors on va se battre. Pour nous. On ne va rien céder. Et que même si cela se termine plus tôt que prévu, on pourra dire qu’il nous est arrivé quelque chose de beau et d’inoubliable. Qu’il n’y avait peut-être pas des tas d’opportunités, mais qu’on a su en saisir une. Qu’on a sauté. Qu’on s’est risqué. Et qu’on l’a mérité.

Toi et moi, on a un pinceau au bout des doigts. On peint. On peint l’instant. Sur la palette, on l’imprègne de notre histoire, nos aspirations, nos pensées et nos doutes. Sur la toile, on se choisit un côté, on n’ose pas trop. Plus on donne de coups, plus on se dévoile. A l’autre. A soi. Et l’on se rejoint. Deux langages. Deux façons de voir le monde. De le changer. De mélanger nos traits. On peint comme on ressent. Avec nos ratés, nos excès. La suite, on ne la connaît pas, on la crée. On esquisse, on gribouille. On fait comme on veut. Comme on peut. Ça ne ressemble à rien d’autre qu’à nous. Cette toile prend l’apparence d’une lutte. Sans vainqueur ni vaincu. Aucun des deux ne veut faire tomber l’autre. Tous les coups sont permis pourvu que la victoire soit mutuelle. On peint qui on est. Je peins comme je t’aime. On peint pour tout inventer.

Ps : Fais gaffe, tu deviens ce que je préfère.

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Jean-baptiste Jlt
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Written by Jean-baptiste Jlt

Tribulations (d’une grande personne)

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