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Stories and poems that matter. Emotion first and foremost.

Et si Demain n’existait pas…

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Tu sais, parfois j’me dis que demain n’est pas acquis.

Il y a tout un tas de trucs qui peuvent nous arriver.

Comme l’histoire de papi qui s’est endormi et jamais réveillé.

Putain, on s’est quitté sur un bonsoir, le voilà dans le corbillard.

Il y avait une pancarte sur la porte :

« Je serai indisponible pour raisons personnelles. Signé : Mardi »,

On était lundi soir, et il n’y a pas eu de lendemain pour lui.

On croit toujours que demain revient,

Jusqu’au jour où il s’absente.

La vie, elle est comme ça,

On nous la prête, on s’y attache puis elle se casse,

Sans crier gare.

On a matraqué ma caboche à coups de questions existentielles,

« Tu veux faire ce métier toute ta vie ? », « Et toi, les amours, faudrait peut-être que tu te cases ?», « tu as l’intention de faire un gamin ? », « C’est quoi tes projets ? »

On m’a dit « Dépêche-toi, le temps passe et ne t’attend pas. »

Je m’en fous, je cours vite, je le rattraperai.

Papi, il pensait comme moi.

L’autre jour, il s’est laissé distancer.

A trop sprinter, il a fini par claquer.

Il s’est écrié « Attends-moi »,

Trop tard,

Sa voix s’est égosillée comme une langue morte.

S’il avait su que demain pouvait disparaître,

Il se serait levé et aurait marché à ses côtés, dès le départ.

Je suis ce funambule sur un fil,

dont la seul option est de poursuivre.

Le vent de face, le vent dans l’dos, le vent de trop et tout s’efface.

Impossible d’anticiper ce qui ne se passera pas,

Et encore moins c’qui arrivera.

Et puis je ne veux pas, ne m’emmerde pas avec tout ça!

Parce que je ne sais même pas si je serai là.

Et si demain n’existait pas,

Hier aura eu le mérite de respirer.

Et aujourd’hui est encore là,

Ça me laisse un peu temps.

Celui d’un coucher de soleil et d’une nuit avant que le jour ne se lève plus.

Aux tréfonds de mon sommeil,

Il y a cet intermède où je ne sais pas trop,

Est-ce un rêve ou bien le réel ?

Je marche sur un pont entre hier et demain.

Je t’aperçois au loin.

Je n’avais jamais pensé à t’humaniser.

T’es là, debout,

Un peu blafard, un peu bancal,

Sur la rambarde, à un pied d’sauter.

Tu m’entends demain ? Tu m’entends ?

Si tu m’entends, reste avec moi.

Parce qu’on est bien tous les deux.

J’me souviens notre première fois,

J’me suis réveillé et t’étais là.

On s’est retrouvé au même endroit, au même moment.

Rien qu’ça, c’était merveilleux.

Je te regarde les yeux écarquillés,

J’ai peur qu’en clignant, le temps d’une paupière relâchée, tu passes de l’autre côté.

J’attendrai le temps qu’il faudra,

Jusqu’au lever du jour, pour être sûr que tu sois là, encore une fois.

Je t’en exhorte, t’en vas pas comme ça, tu ne peux pas nous laisser.

Et puis t’iras où ? Il y a quoi en bas, le vide ?

Tu te feras chier sans moi. Je mourrai sans toi.

Alors donne-moi la main, serre-moi fort,

Avant qu’on fasse notre choix,

Celui que tout s’arrête ou que tout renaisse.

Moi j’ai noté « vivre » dans mon agenda, au moins pour les 50 années qui suivent.

Aujourd’hui ne peut pas être mon dernier,

J’ai toute une liste de choses à faire avant de m’envoler.

Tu comprends, je ne me sens pas prêt,

Même si le bon moment ne vient jamais, surtout quand il s’agit de crever.

Je veux traverser l’Arménie. Une fois, rien qu’une fois.

Goûter le café que ma mère me préparait.

Voir la fierté dans le regard de ceux qui comptent.

Je veux aimer, aimer comme un fou.

L’aimer comme personne.

Je vais me battre pour ça.

Les adultes m’ont dit que la vie c’était du sérieux,

Que les rêves de gosse, ça se laisse au fond du pieu.

Petit je pensais que les grandes personnes savaient tout,

Maintenant, je pense que les enfants savent l’essentiel.

J’ai désobéis,

Cette folie n’attendait que moi pour exister.

Ne plus y croire, ne plus se battre, c’est être déjà vieux.

Ce n’est pas demain qui veut se tirer,

C’est le manque d’imagination qui va l’achever.

Pourtant, n’en doute jamais, il y a de la beauté en ce monde.

Accroche-toi,

Sans toi, je ne vais pas me réveiller.

On est nombreux dans ce cas-là.

Je leur dirai quoi ? Demain va se jeter, il va se suicider?

Sans alternative, il ne vous réanimera pas.

Parce qu’elle est là la réalité, il pourrait ne plus y avoir de lendemain tout court.

Plus d’oxygène, d’animaux, de plantes, de vie, de Terre.

Rien.

Si demain ne revient pas, ai-je ma part de responsabilité ?

Ai-je fait ou cautionné des atrocités de sorte qu’il en ait marre et qu’il s’éclipse ?

A priori, je ne crois pas.

On a peut-être mal encadré la surpopulation, les excès et la débauche de l’Homme.

On a délaissé la banquise et la campagne, on a torturé les paysages.

On a regardé les bombes nucléaires s’étendre de la Corée à la moindre parcelle de Trinité et Tobago.

J’ai voté pour des incompétents afin d’me délester d’un quelconque engagement,

Sans m’avouer que j’étais tout aussi incapable.

Puis j’ai craché. Sur eux, par terre.

Cette Terre que j’ai ravagée, souillée, détruite.

J’ai violé mon futur. Aucun consentement.

Alors peut-être,

Peut-être qu’il a ses raisons d’être épuisé de me résister.

Je crains le jour où il me balancera « T’as tout laissé faire »,

Et qu’mon regard me trahira.

Oui.

Demain n’est pas une promesse,

Il est un bouquet de Marguerites qu’on n’a pas le droit d’laisser faner.

Il vit, il crie, il pleure et il s’indigne.

On a qu’à se dire qu’au lieu de le laisser pourrir,

On pourrait le faire danser et rire.

Puisque rien ne dure et que tout a une fin,

On pourrait lui filer ce sourire en coin, juste pour un matin.

Au bout du pont, on embarquera sur le radeau,

“Larguez les amarres!”

C’est bien ça qu’on dit ?

On va naviguer toi, moi et tous ceux qui y croient.

On se donnera les moyens,

Parce qu’on n’est pas de ceux qui sombrent,

Mais de ceux qui bravent et qui résistent.

On se la jouera à la Jack Sparrow,

Que ce jour reste à jamais gravé dans vos mémoires comme celui où vous avez failli nous capturer.

Sans succès.

Bien sûr on ne sait jamais ce qui peut nous arriver,

J’crois que cela vaut le coup.

A deux, on rame plus vite, plus loin.

Il n’y a pas de courage permanent, j’en suis un intermittent.

Avec toi j’me sens le cran d’affronter les vagues,

De prendre des risques et d’embrasser l’irréaliste.

J’veux qu’on essaie. Tenter tout ce qu’il y a à tenter.

Parce qu’au bout, on aura tout misé, peut-être tout perdu, mais on aura vécu.

Hissez haut !

A l’abordage Matelot…

Balance-moi ce sablier, je sais que le temps m’est compté,

J’voudrais quand même le voir passer.

Sentir mon visage se rider,

Bruler de fougue jusqu’au jugement dernier.

Je nous vois bien toi et moi,

Bonnie and Clyde,

Complices du crime,

La fleur au fusil, braqueurs de vie.

Profitons.

Bon sang, tu m’entends ?

J’le crie tellement j’y crois.

Profitons.

Demain, je ne te connais pas encore, mais je te donne ce baiser,

En guise de je t’aime.

Donne-moi la main, serre-moi fort,

Promis juré que je ne vais rien lâcher.

Surtout pas toi.

Douce soirée,

A demain.

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Jean-baptiste Jlt
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Written by Jean-baptiste Jlt

Tribulations (d’une grande personne)

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