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5 choses apprises en 2 mois de congé paternité

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J’ai quand même eu le temps de photoshoper un faire-part, bien geek évidemment

(Note de l’auteur : En grande partie suite aux chouettes réactions générées par cet article, mon associé et moi avons décidé de lancer , le média digital de la nouvelle génération de pères, et de parents. On t’y attend !)

Je suis privilégié. J’ai pu pendant 2 mois me libérer de toute contrainte professionnelle, et partir à la campagne avec ma femme Marion, notre aîné Balthazar, 2 ans et demi, et notre nouveau-né Léopold.

La mise au vert était une évidence. Le bébé était prévu pour mai. Marion serait en congé maternité jusqu’à fin août. La nounou était de toute façon en vacances en août. J’étais au tout début d’une nouvelle activité et mon associé avait aussi des projets personnels à mener.

Cette année, nous serions juilletistes ET aoutiens, et je pourrais profiter des enfants avec Marion, tout en travaillant régulièrement sur mes projets.

Je n’avais pas prévu d’être littéralement en “congé” paternité. Cela s’est imposé à moi, sans ménagement. Je l’ai accepté, j’en suis heureux, et je me dis que mon expérience pourrait un jour aider quelqu’un à se lancer dans cette aventure.

Voici donc 5 choses que j’ai apprises sur le congé parental, en congé paternité.

1. Ce n’est pas des vacances

Il faut le vivre pour le comprendre. Un nouveau-né a beau passer le plus clair de sa journée à dormir et manger, lui permettre d’exercer ces deux activités dans de bonnes conditions est un trou noir à temps et à énergie. Et quand il ne dort ni ne mange, on a la lourde responsabilité de son éveil.

Ajoutez un petit garçon plein de vie à l’équation : les réserves d’énergie cumulées du père et de la mère couvrent tout juste la demande des enfants.

Ne comptez pas sur un congé parental pour recharger vos batteries. Au contraire, soyez attentifs à préserver et reconstruire votre énergie physique et mentale. Pour Marion et moi, cela a consisté à :

  • Répartir les efforts de (non) sommeil selon
  • Utiliser le peu de temps libre de la journée pour faire du sport
  • Se laisser un peu trop aller le soir sur la bonne chère et le bon vin

(Bilan balance de mon côté : victoire par KO de la bonne chère sur le sport quotidien. À la rentrée, je commence un régime .)

2. C’est incompatible avec du travail opérationnel

Pour avancer sur des projets, il me faut des plages de concentration continues d’au moins 2-3 heures, et des points d’échange réguliers. En congé parental, la disponibilité permanente pour de petits êtres précieux, fragiles et imprévisibles prime. La contradiction est claire et j’ai rapidement dû l’accepter.

Néanmoins, le congé parental regorge de temps faibles où l’on est physiquement occupé mais mentalement disponible : marcher avec un bébé dans le porte-bébé pour l’endormir, tenir droit un bébé endormi 20 minutes après son biberon pour réduire ses régurgitations, garder sa main sur le torse d’un bébé en pleine nuit parce que sinon il se réveille, etc.

J’ai pu utiliser ces moments pour lire des livres, écouter des podcasts, réfléchir et échanger à l’improviste des idées avec mon associé et quelques amis spécialistes de tel ou tel sujet.

Je crois que cette phase forcée de concentration avant l’action aura été bénéfique à mes projets.

3. Cela peut être une phase de vie aliénante

À fixer constamment son attention sur de charmantes têtes blondes, on se coupe un peu du monde des adultes, ces gens avec des conversations et des préoccupations “normales”.

(Déjà, ils semblent tous avoir des têtes énormes)

Ce confinement, temporaire, au rôle de “parent” peut dégénérer en rancoeur et endommager l’estime de soi :

  • Inquiétude d’être incompris, voire méprisé, par son entourage, famille, collègues ou amis, qui ne se fait pas à l’idée que l’on n’est ni en vacance, ni disponible pour travailler à distance. Cela peut être accentué chez les hommes, dans les cultures où le congé paternité faire encore figure d’exception
  • Impression d’injustice dans les couples mono-congédiés : “Il/elle profite chaque soir du bonheur de l’enfant, mais c’est moi qui sacrifie ma carrière et ma vie sociale, tandis qu’il/elle continue tranquillement de cultiver les siennes”

Un parent en congé parental a besoin de soutien. Avoir la chance de le vivre à 2 et de se supporter mutuellement est idéal. Mais chacun peut aider en comprenant les “difficultés” de cette période, et en rassurant sur le “retour à la normale” social et professionnel.

4. C’est une retraite enrichissante

Ce n’est pas des vacances, on n’a pas le temps de bosser, on est crevé quand même, et personne ne nous respecte ? Il y a de ça, et pourtant, prendre le temps, pendant des semaines et des semaines, de s’immerger dans les rythmes de l’enfance démultiplie l’intensité des expériences parentales

  • Le rythme monacal qu’impose le nouveau-né et le mystère quotidien de sa conscience qui s’éveille, tout doucement, font du congé parental une expérience spirituelle forte. On se sent connecté à l’essentiel quand le bébé fixe notre regard, nous sourit, babille un son
  • La soif de découverte et l’enthousiasme communicatif du petit garçon transforment chaque moment en aventure et permettent de s’émerveiller à nouveau d’un brin d’herbe, un tracteur, un couché de soleil. Et le rire, de tout, de rien, n’importe quand, juste parce que c’est bon, en soi, de rire

On ralentit. On change de perspective. C’est plus fort qu’un stage de méditation ! Donc, oui, ce n’est pas toujours facile, mais vous avez quand même le droit d’être jaloux des parents en congé parental.

5. Un long congé paternité devrait être obligatoire

Je n’ai aucune idée de ce que cela coûterait, et je suis sûr qu’il y a quelques honnêtes arguments contre, mais voici pourquoi je pense qu’un congé paternité obligatoire de 2 mois (contre, en France aujourd’hui, 11 jours consécutifs optionnels), serait une bonne chose pour la société :

  • La Suède, toujours à la pointe sociale, le fait. 480 jours à répartir entre les 2 parents, dont 60 obligatoirement pris par le père
  • De plus en plus d’entreprises permettent aux hommes de prendre un congé parental (jusqu’à 4 mois chez Facebook). Mark Zuckerberg, l’homme le plus moderne, . Les mentalités changent progressivement, mais je suis convaincu que de nombreux hommes n’osent pas prendre de congé parental prolongé même s’ils le peuvent. S’il devient une obligation, plus d’hésitation !
  • “Les études montrent que, quand un parent travailleur passe du temps avec son nouveau-né, c’est bénéfique pour la famille entière”. C’est , au cas où vous n’auriez pas cliqué dans le paragraphe précédent
  • Le congé obligatoire pour les 2 parents serait un pas majeur vers l’égalité homme-femme, domestique et professionnelle. À la maison, parce qu’être autonome avec un bébé implique de maîtriser toutes les tâches classiques (cuisiner, nettoyer, faire la lessive), et de les pratiquer SOUVENT. Au travail, parce qu’on ne risquera plus de discriminer (à l’embauche comme dans l’évolution de carrière) le profil “femme qui risque d’avoir bientôt des enfants”. Les entreprises ne cesseront pas de recruter et de faire progresser tous les vingt-trentenaires sous prétexte qu’ils risquent un jour de partir en congé parental

Je l’ai fait par hasard, décide de le faire !

C’est en vivant “de l’intérieur” le congé maternité que j’ai découvert la pertinence du congé paternité. Un coup de chance, quoi : je n’ai même pas décidé de prendre un congé parental, et j’ai eu la possibilité matérielle de l’accepter quand il s’est présenté à moi.

Père récent ou futur, si par hasard tu lis ceci, n’hésite pas à t’organiser pour prendre un peu plus de congés que le minimum, tu ne le regretteras pas (si tu peux te le permettre, et si tu ne t’attends pas à des vacances ou du travail à distance) !

(Re-note de l’auteur : Et jette un oeil sur , ça devrait t’intéresser 😉)

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Patrice Bonfy
Patrice Bonfy

Written by Patrice Bonfy

Co-fondateur @le_paternel et @prototypers_co, co-parent de 2 fils, aime entreprendre, écrire, bricoler et voyager, mais pas forcément en même temps

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